Le ministère de l'Hydraulique soudanais a émis hier vendredi un avertissement urgent concernant la poursuite de la montée des niveaux du fleuve Nil dans la région s'étendant de Khartoum à Kajbar, qui se trouve à environ 620 kilomètres au nord de la capitale.
Le ministère a appelé tous les habitants vivant sur les rives du Nil dans ce secteur à prendre les mesures nécessaires pour protéger leurs vies et leurs biens.
Le ministère a précisé dans son communiqué que les stations de surveillance et de mesure à Khartoum, à Shendi au nord, et à Jebel Awliya au sud de Khartoum, sur le fleuve Nil blanc, ont enregistré une augmentation significative des niveaux d'inondation, incluant également les États de Khartoum, du Nil et du Nil blanc.
Le Soudan a connu au cours des deux derniers jours de vastes vagues d'inondations en raison de la montée des niveaux du fleuve Nil et de ses principaux affluents ; le Nil blanc venant du lac Victoria, et le Nil bleu venant du plateau éthiopien, tout en notant une baisse du niveau du Nil bleu de la région de Roseires jusqu'à la capitale Khartoum.
Ces inondations surviennent dans un contexte de débat croissant sur l'impact du Grand Barrage de la Renaissance éthiopienne sur les niveaux d'eau, au milieu de désaccords persistants entre le Soudan et l'Égypte d'une part, et l'Éthiopie d'autre part, concernant le mécanisme de remplissage et d'exploitation du barrage qui a commencé sa construction en 2011.
Khartoum et Le Caire insistent sur la signature d'un accord tripartite légalement contraignant, tandis que l'Éthiopie affirme qu'il n'est pas nécessaire d'avoir un accord et insiste sur le fait qu'elle n'a pas l'intention de nuire aux autres pays, ce qui a conduit à un gel des négociations par intermittence.
Au cours de la saison des pluies, qui s'étend de juin à octobre, le Soudan connaît de fortes pluies qui provoquent des inondations annuelles à grande échelle, les statistiques gouvernementales montrant que près de 24 992 familles, soit l'équivalent de 125 056 personnes, ont été touchées depuis le début de la saison des pluies jusqu'au 25 septembre dernier.
Dans ce contexte, l'Égypte a accusé l'Éthiopie d'agir de manière "irresponsable et imprudente" dans la gestion des inondations du fleuve, considérant que ces actions ont causé de grands dommages au Soudan et menacent les terres et les vies des Égyptiens, exprimant son inquiétude quant à l'utilisation de l'eau à des fins politiques au détriment de la sécurité régionale.
Le ministère soudanais souligne l'importance de la préparation et de la vigilance, et appelle les citoyens le long du Nil entre Khartoum et Kajbar à respecter les directives pour protéger leurs vies et leurs biens, au milieu de prévisions d'une nouvelle augmentation des niveaux d'eau dans les périodes à venir.