Fadl Chaker se rend après 13 ans d'absence... Que l'attend ?
October 5, 202538 VuesTemps de lecture: 4 minutes

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Dans un geste surprenant qui met fin à de longues années de controverse et de dissimulation, l'artiste libanais Fadl Chaker s'est rendu samedi 4 octobre 2025, à l'armée libanaise au poste de contrôle de l'Hasbaya, l'une des entrées du camp de réfugiés palestiniens d'Ain el-Héloué à Saïda, dans le sud du Liban.
Des sources proches de Chaker ont confirmé que l'artiste s'est rendu de son plein gré à une unité des services de renseignement de l'armée libanaise.
Des témoins oculaires ont déclaré à l'agence "Reuters" que Chaker est sorti à pied du camp, semblant détendu et discutant avec ses accompagnateurs avec optimisme, avant d'être accueilli par trois officiers de l'armée pour une remise officielle et le début de son interrogatoire.
* D'une star de la chanson à un camp de réfugiés
Fadl Abdel Rahman Chmandour, connu artistiquement sous le nom de Fadl Chaker, est né à Saïda en 1969 d'un père libanais et d'une mère palestinienne, et est devenu par la suite l'une des plus grandes stars de la chanson romantique arabe au début des années 2000, réalisant un large succès grâce à sa voix chaleureuse et à ses chansons qui ont touché les émotions du public.
Cependant, il a annoncé en 2012 sa retraite de la chanson et son adhésion au groupe armé du cheikh Ahmad el-Assir, qui a mené des affrontements sanglants avec l'armée libanaise dans la ville d'Aabra près de Saïda en 2013.
Ces affrontements ont entraîné la mort de 18 soldats et de 11 combattants, et se sont terminés par la prise de contrôle de l'armée libanaise sur le complexe que le cheikh et ses partisans utilisaient comme base.
Par la suite, Chaker s'est réfugié dans le camp d'Ain el-Héloué, contrôlé par des factions palestiniennes, qui interdisent l'entrée des forces de sécurité libanaises, ce qui lui a permis de se cacher à l'intérieur pendant des années.
* Jugements par contumace et nouveau procès
En 2017, le tribunal militaire a rendu un jugement par contumace de 15 ans de prison contre Chaker, avec la perte de ses droits civiques, puis d'autres jugements ont suivi, avec en 2020 deux jugements par contumace supplémentaires pour des accusations liées à "l'implication dans des actes terroristes" et au soutien de groupes armés qui ont combattu l'armée.
Cependant, en vertu de la loi libanaise, les jugements par contumace sont automatiquement annulés lorsque la personne se rend, ce qui signifie que Fadl Chaker sera désormais soumis à un nouveau procès en personne lui permettant de se défendre devant la justice.
* Chaker : "J'ai été victime d'injustice... et j'ai confiance en la justice libanaise"
En avril 2025, Chaker a publié un communiqué dans lequel il a déclaré avoir été victime d'injustice pendant 13 ans, soulignant que son entrée dans le camp n'était pas une fuite de la justice mais une évasion face à des menaces de mort, et que les affaires qui l'ont poursuivi sont survenues plus tard dans le cadre d'une "règlement de comptes politique sans fondement légal", selon ses mots.
Une source proche de lui a déclaré à l'agence de presse française après sa remise :
"Il croit en son innocence et a confiance que la justice libanaise sera cette fois-ci équitable et juste".
* Retour artistique derrière les murs
Bien qu'il ait disparu de la scène médiatique, Fadl Chaker n'a pas cessé de chanter, car à travers sa chaîne officielle sur YouTube, il a commencé depuis des années à publier de nouvelles chansons enregistrées à l'intérieur du camp, atteignant des taux d'écoute élevés, en particulier ses chansons auxquelles son fils Mohamed Chaker a participé, qui ont rencontré un grand succès durant l'été 2025.
* Quelle est la suite ?
En se rendant, Fadl Chaker tourne une longue page de sa vie qui a été pleine de controverse et de division entre ceux qui le considèrent comme un artiste victime et ceux qui le jugent impliqué dans des affaires de sécurité graves.
La balle est maintenant dans le camp de la justice libanaise, qui va le rejuger, alors que son public et ses adversaires attendent de voir comment cette affaire, qui a préoccupé l'opinion publique libanaise et arabe pendant plus d'une décennie, va se terminer.