Tunisie : craintes de restriction de la liberté d'information après l'arrêt des activités de l'autorité chargée d'y accéder

La décision des autorités tunisiennes d'arrêter les activités de l'autorité d'accès à l'information a suscité un large débat et des craintes concernant le recul du droit des citoyens et des journalistes à accéder aux données officielles.
L'organisation "I Watch", engagée dans la lutte contre la corruption, a révélé que les employés travaillant au sein de l'autorité ont été licenciés, tandis que son siège a été fermé de manière soudaine et sans aucune annonce officielle au public. L'organisation a qualifié cette étape de "destruction de la dernière forteresse de la transparence en Tunisie".
De son côté, le syndicat des journalistes tunisiens a considéré que cette mesure représente "un obstacle à un journalisme sérieux et d'investigation", avertissant qu'elle constitue un coup dur pour ce qu'il reste de médias libres et indépendants dans le pays.
Cette décision s'inscrit dans le cadre d'une série de mesures similaires, y compris la dissolution de l'autorité de lutte contre la corruption et le gel des activités de l'instance supérieure indépendante de la communication audiovisuelle, depuis les mesures exceptionnelles annoncées par le président Kais Saïed en juillet 2021 et le gel qui a suivi du parlement.
La liberté d'expression est l'un des principaux acquis de la révolution de 2011, mais les crises économiques et les récentes transformations politiques ont eu un impact négatif sur le paysage médiatique. Le syndicat des journalistes affirme que la suspension de l'autorité n'est qu'un "choix délibéré pour rétablir un média de propagande et de désinformation".
L'autorité d'accès à l'information a été fondée en 2016, et sa mission est de garantir le droit d'accès aux documents officiels et de trancher sur les plaintes déposées contre les institutions qui refusent de fournir aux citoyens ou aux journalistes des informations, et ses membres sont censés être renouvelés par le parlement.