Le Telegraph : Les Talibans et l'Iran collaborent secrètement pour livrer des Afghans accusés d'espionnage à la Grande-Bretagne

Le journal britannique "Le Telegraph" a révélé l'existence d'une coopération secrète entre le mouvement taliban et l'Iran, impliquant la livraison d'un certain nombre d'Afghans accusés d'espionnage au profit de Londres, dans le cadre d'un échange d'intérêts entre les deux parties.
Un rapport du journal publié jeudi indique que le mouvement taliban a remis à Téhéran une "liste de mort" comprenant les noms d'Afghans ayant travaillé avec les forces britanniques auparavant, dont trois individus accusés d'espionnage au profit de la Grande-Bretagne, qui étaient détenus à Kaboul en attendant leur transfert à Téhéran.
L'origine de l'affaire remonte à 2021, lorsque des milliers de noms ont été accidentellement divulgués par la Grande-Bretagne. La liste comprenait d'anciens militaires, des membres des forces spéciales et des collaborateurs avec les services de renseignement britanniques.
Selon le rapport, cet accord repose sur un échange d'intérêts ; Téhéran cherche à utiliser les détenus comme levier dans ses négociations nucléaires avec l'Occident, tandis que les talibans espèrent obtenir une reconnaissance officielle de l'Iran de leur gouvernement.
En réponse à ces rapports, des sources gouvernementales britanniques ont demandé au mouvement taliban de respecter le décret "d'amnistie générale" qu'il a annoncé après avoir pris le contrôle de Kaboul, et de ne pas poursuivre les militaires et les anciens collaborateurs. Cependant, aucun commentaire officiel n'a été émis par l'Iran ou par des responsables talibans de haut rang tels que Zabihullah Mujahid, Hamdullah Fetrat, ou Zia Ahmad, malgré les demandes répétées des médias.
Ces nouvelles ont suscité une large inquiétude parmi les anciens militaires afghans en Afghanistan et en Iran. Un ancien membre des forces spéciales afghanes ayant travaillé auparavant avec les Britanniques et résidant actuellement en Iran a exprimé sa profonde peur en déclarant à Radio Free America : "Les talibans sont prêts à tout pour obtenir la reconnaissance de leur gouvernement, nous étions auparavant menacés de mort, et maintenant nous sommes livrés à d'autres, nos vies sont en danger, surtout ceux qui ont travaillé avec la Grande-Bretagne".
Un ancien policier des forces spéciales a également confirmé qu'il et ses camarades avaient été menacés en permanence depuis la fuite des listes, et a déclaré que beaucoup d'entre eux avaient été arrêtés et torturés.
Le "Telegraph" a précisé que le transfert des trois fugitifs vers la Grande-Bretagne attend l'approbation finale du ministère de l'Intérieur du gouvernement taliban. Cette démarche fait suite à des réunions entre des dirigeants talibans et quatre responsables du Corps des Gardiens de la Révolution iranienne qui ont visité Kaboul la semaine dernière pour renforcer la coopération en matière de renseignement entre les deux pays.
Il convient de noter que le journal avait publié le 13 août un rapport antérieur indiquant que le Corps des Gardiens de la Révolution cherchait à obtenir une liste de 25 000 noms d'Afghans ayant demandé l'asile en Grande-Bretagne, dans le but d'identifier les collaborateurs avec le service de renseignement extérieur britannique (MI6). Ces listes contiennent des détails sensibles concernant le travail de ces Afghans avec les forces étrangères.
Il est à noter que plusieurs médias britanniques, dont "Le Telegraph" et "Daily Mail", avaient précédemment averti que la fuite de ces listes avait entraîné des arrestations, des tortures et des meurtres d'anciens militaires afghans par les talibans, des accusations que le mouvement a toujours niées.