La nouvelle monnaie syrienne entre ambition économique et complexités techniques

Dans une démarche visant à tourner la page d'un passé économique alourdi par l'inflation et le désordre monétaire, le gouverneur de la Banque centrale syrienne, Abdulkader Hassoun, a annoncé le lancement d'une nouvelle monnaie avec la suppression de deux zéros de la valeur nominale, dans le cadre d'un ensemble de réformes visant à rétablir la stabilité financière. Cette mesure soulève des questions sur sa pertinence dans un contexte économique fragile et face à d'importants défis techniques et politiques.
La Banque centrale défend cette initiative par plusieurs points, dont la simplification des transactions et la réduction des complexités comptables dans les opérations quotidiennes.
Rompre le lien avec l'héritage de l'ancien régime et envoyer un signal de début d'une nouvelle ère. Améliorer l'image de la monnaie pour attirer les investissements et restaurer la confiance dans le système financier.
Les principaux obstacles auxquels cette planification est confrontée sont la capacité technique, car la Syrie manque de technologies avancées pour imprimer des monnaies difficiles à falsifier, ce qui l'oblige à dépendre de pays comme la Russie ou l'Allemagne, en plus des coûts financiers, où le coût d'impression de la nouvelle monnaie est estimé à des millions de dollars à un moment où le trésor souffre d'une pénurie de ressources.
Le processus de remplacement de la monnaie pourrait prendre des mois ou des années, ce qui pourrait causer de la confusion dans les transactions quotidiennes.
Le soutien russe pourrait jouer un rôle dans le financement de l'impression de la nouvelle monnaie dans le cadre d'accords de coopération économique, et la levée des sanctions américaines et européennes sera cruciale pour accéder aux systèmes bancaires internationaux.
Parmi les expériences arabes précédentes en matière de suppression des zéros, l'expérience de l'Irak en 2003 montre l'importance de la stabilité sécuritaire et politique pour le succès de l'opération.
Le plan pourrait réussir si la réforme monétaire est accompagnée d'une amélioration de la performance économique, d'une augmentation de la productivité et d'une levée des sanctions.
En revanche, si le changement se limite à la forme sans traiter les causes de l'inflation, le plan pourrait échouer, c'est pourquoi il est nécessaire d'atteindre une certaine stabilité monétaire tout en continuant à faire face aux défis structurels.
Pour garantir le succès de cette initiative, il est essentiel d'augmenter la production locale et d'attirer les investissements étrangers. Assurer la disponibilité de la nouvelle monnaie en quantités suffisantes et dans toutes les régions. Avec une campagne médiatique complète pour expliquer les avantages du changement et le mécanisme de transition.
La suppression des zéros n'est pas une solution magique, mais fait partie d'un processus de réforme globale qui doit inclure les secteurs productifs et de services ainsi que la lutte contre la corruption. Le succès dépendra de la capacité du gouvernement à réaliser la stabilité politique et sécuritaire, et à convaincre les Syriens que le changement n'est pas simplement un nouveau billet pour une ancienne monnaie, mais le début d'une nouvelle ère économique.