Dans une démarche qui confirme la volonté de Moscou de renforcer son contrôle numérique, les autorités russes ont officiellement lancé la nouvelle application de messagerie "Max", qui est promue comme le "messager national", pour être le substitut local aux applications mondiales telles que WhatsApp et Telegram, et même les dépasser avec l'ambition de devenir une plateforme complète à l'image de l'application "WeChat" chinoise.
* Lancement officiel du Kremlin
Aujourd'hui, lundi, le Kremlin a annoncé le lancement de sa page officielle sur l'application "Max", où le premier post de la chaîne officielle du président russe disait :
"Bienvenue, nous avons de bonnes nouvelles, nous sommes heureux de vous informer du début des activités de la chaîne officielle du président russe sur l'application 'Max', nous espérons que les informations sur les activités quotidiennes du chef de l'État vous intéresseront".
* D'un échec précédent à un projet national
L'histoire de "Max" a réellement commencé en mai 2022, lorsque la société russe "VK" a lancé une première version de sa propre application de messagerie, mais elle a échoué à attirer une large base d'utilisateurs.
Cependant, en 2024, la société a commencé à développer une toute nouvelle application indépendante de la plateforme VK, comme indiqué sur Wikipédia.
Le 25 mars 2025, la société a annoncé via le journal "Vedomosti" le lancement de la version bêta de "Max", confirmant qu'elle comprend plusieurs fonctionnalités, notamment :
• messagerie instantanée
• systèmes de paiement intégrés avec les banques VTB et Alfa Bank
• outils professionnels pour le développement d'applications miniatures et de robots de chat
Et après seulement un jour, l'application est devenue disponible au téléchargement sur les magasins numériques.
* D'une application à une politique d'État
Le 4 juin 2025, le ministre du développement numérique Maksut Shadaev a déclaré lors d'une réunion gouvernementale avec le président Vladimir Poutine que "Max" serait officiellement adopté comme "application nationale", citant des expériences similaires dans des pays tels que :
_ Line (LINE) au Japon
_ KakaoTalk en Corée du Sud
_ Zalo au Vietnam
_ WeChat en Chine
Les démarches officielles n'ont pas tardé, car le 24 juin 2025, le parlement a approuvé une loi qui oblige à préinstaller "Max" sur tous les appareils mobiles vendus en Russie à partir du 1er septembre prochain.
La sénatrice Olga Yefanova a également annoncé que l'application s'intégrera à l'avenir avec la plateforme "Gosuslugi", qui est la plateforme officielle des services gouvernementaux numériques.
* Large promotion .. et influence des influenceurs
Parallèlement aux mesures gouvernementales, l'État a intensifié les campagnes de promotion de l'application.
En plus des canaux officiels, les autorités ont fait appel à des influenceurs proches du Kremlin, parmi lesquels la chanteuse pop "Instasamka", qui est apparue dans une vidéo promotionnelle en disant :
"J'étais étonnée que l'application reste connectée même dans un parking !"
Selon un rapport du Washington Post.
* Problèmes techniques .. et évaluations controversées
Malgré tout le battage médiatique, "Max" semblait au début être une version incomplète ; elle manquait de fonctionnalités essentielles telles que les chaînes publiques présentes sur Telegram.
Sur le Google Play Store, l'application a d'abord obtenu une faible évaluation (1 sur 5), avant de grimper soudainement à 4,4 étoiles, au milieu de rapports de presse sur l'activité de "bots" ou de comptes automatisés qui ont aidé à augmenter l'évaluation.
Cependant, la société développeuse a annoncé que le nombre d'utilisateurs de l'application avait atteint 18 millions d'utilisateurs d'ici septembre, selon Wikipédia.
* Ambition chinoise .. et craintes de surveillance
La Russie cherche à transformer "Max" en une plateforme numérique complète, à l'image de "WeChat" chinois, en intégrant la messagerie avec les services gouvernementaux et le commerce électronique, avec des plans pour le relier en 2026 à :
• un système de paiement numérique local
• la plateforme Gosuslugi
Cependant, cette orientation suscite de vives inquiétudes parmi les experts et les défenseurs des droits, car beaucoup mettent en garde contre le fait que l'application pourrait être utilisée comme un outil central de surveillance généralisée et de collecte de données personnelles.
Ces inquiétudes sont exacerbées par l'adoption d'une nouvelle loi imposant des amendes aux utilisateurs simplement pour "recherche délibérée" de contenu interdit sur Internet, une première considérée comme un tournant dans la cible des utilisateurs plutôt que des producteurs de contenu.
* Contexte plus large : répression des plateformes étrangères
Le lancement de "Max" n'est pas isolé de la politique numérique de Moscou, mais s'inscrit dans une campagne élargie contre les plateformes occidentales.
Des applications telles que WhatsApp et Telegram ont déjà été interdites ou restreintes, tandis que des plateformes majeures telles que :
YouTube _ X (anciennement Twitter) _ Facebook _ Instagram ont déjà été interdites.
L'application "Max" n'est pas simplement un nouvel outil de messagerie, mais un projet stratégique russe qui combine communication, services numériques et surveillance potentielle, avec un soutien gouvernemental clair et de grandes ambitions, mais elle suscite également des inquiétudes croissantes concernant les libertés numériques en Russie.
Max réussira-t-il à s'imposer localement et peut-être régionalement ? Ou connaîtra-t-il le même sort que ses prédécesseurs sous la surveillance accrue de l'État ?
Le temps nous le dira.