Face à l'avancée rapide et à la large diffusion des outils d'intelligence artificielle, des experts en sécurité égyptiens mettent en garde contre la transformation de ces technologies en outils entre les mains des criminels d'Internet, ce qui est aujourd'hui appelé "l'intelligence artificielle sombre".
Mohamed Mohsen Ramadan, expert en cybersécurité et lutte contre la cybercriminalité, a expliqué que "l'intelligence artificielle sombre n'est plus seulement un concept théorique, mais est devenu une réalité qui redéfinit les crimes numériques avec des outils sophistiqués, allant du phishing convaincant à la falsification profonde, en passant par des logiciels malveillants qui évoluent de manière autonome et se cachent intelligemment".
Il a ajouté que "ces attaques sont devenues plus complexes et professionnelles, les pirates utilisant des modèles d'intelligence artificielle pour créer des e-mails de phishing très convaincants, cloner des sites officiels pour tromper les victimes, en plus de manipuler la voix et l'image en usurpant des personnalités connues.
Tout cela se produit rapidement et avec une précision inquiétante, sans nécessiter de compétences techniques avancées, ce qui aggrave la menace".
L'expert a souligné la propagation d'outils malveillants basés sur l'intelligence artificielle dans le "dark web", tels que WormGPT pour générer des logiciels de rançon, FraudGPT pour créer des e-mails de phishing et des infiltrations, et AutoGPT qui exécute des tâches malveillantes de manière autonome, ainsi que FreedomGPT qui n'est soumis à aucun contrôle et est utilisé pour produire du contenu dangereux sans connexion Internet.
Ramadan a mis en garde contre le fait que ces outils ne sont plus limités aux seuls pirates professionnels, mais sont désormais accessibles aux amateurs et aux débutants, faisant de la cybercriminalité un phénomène quotidien répandu.
Il a affirmé que les rapports des sociétés de sécurité mondiales, telles que CrowdStrike, Gartner et Acronis, enregistrent une augmentation alarmante des attaques soutenues par l'intelligence artificielle, avec une augmentation de 200% des attaques de phishing et de falsification profonde.
D'autre part, Khaled Hamdi, ancien assistant du ministre de l'Intérieur et expert en sécurité, a souligné que "nous sommes confrontés à une mutation sans précédent des menaces numériques dirigées par une intelligence artificielle sans conscience, difficile à prédire ou à contrer".
Il a expliqué que la solution réside dans "la construction d'une conscience numérique globale, l'adoption d'outils de défense préventive, et le renforcement de la surveillance du développement et de l'utilisation des technologies d'intelligence artificielle".
Hamdi a conseillé en disant : "Avant d'ouvrir tout e-mail ou de cliquer sur des liens, demandez-vous : suis-je la cible ?", mettant en garde contre le contenu falsifié qui peut être manipulé habilement à travers la voix et l'image.
Il a conclu en affirmant que "l'intelligence artificielle sombre n'est pas un danger futur, mais une réalité que nous vivons, et la solution réside dans la connaissance, la vigilance et la construction d'une défense numérique intelligente et intégrée".