L'organisme international chargé de surveiller la faim dans le monde, soutenu par les Nations Unies et connu sous le nom de "Système de classification intégrée de la sécurité alimentaire (IPC)", a annoncé aujourd'hui, vendredi 22 août, devant le Conseil de sécurité, le déclenchement d'une famine officielle dans la bande de Gaza, une étape sans précédent depuis le début de la guerre il y a environ 22 mois.
Selon le quotidien israélien Yediot Ahronot, cette annonce historique pourrait ouvrir la voie à une pression internationale croissante sur Israël, au milieu d'accusations mutuelles et d'une détérioration humanitaire sans précédent.
Pour sa part, l'ambassadeur d'Israël auprès des Nations Unies, Danny Danon, s'est empressé de critiquer la décision, accusant l'organisme onusien de "modifier les critères pour servir le récit du mouvement Hamas", selon ses dires.
* Trois critères établis : la famine est devenue une réalité
L'annonce de la famine repose sur trois critères stricts établis par le système IPC, dont tous ont été confirmés dans la bande de Gaza :
1 _ Plus de 20 % des ménages font face à une pénurie alimentaire aiguë.
2 _ Au moins 30 % des enfants souffrent de malnutrition aiguë.
3 _ Au moins deux personnes meurent chaque jour pour 10 000 habitants à cause de la faim.
Il est à noter que ce système n'a été utilisé pour annoncer une famine que quatre fois depuis sa création en 2004, la dernière fois étant au Soudan en 2024.
* La famine frappe le gouvernorat de Gaza... et menace de s'étendre vers le sud
L'annonce de la famine concerne le gouvernorat de Gaza, qui comprend la ville de Gaza, trois localités voisines et plusieurs camps de réfugiés, abritant environ un demi-million de personnes.
Une note d'information consultée par le quotidien britannique The Telegraph indique que "plus de 500 000 personnes dans la bande de Gaza vivent actuellement dans des conditions catastrophiques, caractérisées par une faim aiguë, un besoin urgent et la mort".
La note d'information a averti de la possibilité que la famine s'étende aux gouvernorats de Deir al-Balah et Khan Younis d'ici la fin septembre, dans un contexte de crise humanitaire croissante.
* Plus de la moitié des habitants de Gaza en "état d'urgence alimentaire"
Selon les données des Nations Unies :
• 1,07 million de personnes à Gaza - soit plus de la moitié de la population - souffrent de niveaux "d'urgence" d'insécurité alimentaire.
• 1,35 million de personnes ont besoin d'un abri d'urgence, en raison de l'état dégradé des tentes en raison de la forte affluence et des conditions climatiques difficiles.
* Décès par famine et risques d'accès à l'aide
À Genève, Thumein Al-Khaitan, porte-parole du Bureau des droits de l'homme des Nations Unies, a déclaré :
"Cette situation tragique est le résultat direct de la politique du gouvernement israélien entravant l'accès à l'aide humanitaire".
Il a ajouté que les quantités d'aide qui sont entrées dans la bande au cours des dernières semaines "sont bien inférieures à ce qui est nécessaire pour éviter la propagation de la famine", soulignant la poursuite des victimes, y compris des enfants, en raison de la faim.
Al-Khaitan a confirmé que la situation dans la région de Al-Mawasi _où des centaines de milliers de Palestiniens ont été déplacés après des ordres de déplacement répétés de l'armée israélienne_ est catastrophique, avec pas de nourriture, pas d'eau, pas d'électricité, et pas d'abri adéquat.
* "Accéder à la nourriture peut être mortel"
Al-Khaitan a également mentionné que 1857 Palestiniens ont été tués depuis le 27 mai dernier en tentant d'obtenir de la nourriture, la plupart d'entre eux par des balles de l'armée israélienne près des sites de distribution d'aide de la "Gaza Humanitarian Foundation" ou sur les routes empruntées par les camions.
* Une crise qui embarrasse Israël devant la communauté internationale
L'annonce de la famine révèle la profondeur de la crise humanitaire à Gaza, au milieu d'accusations croissantes contre Israël d'avoir commis de graves violations du droit international par son blocus systématique de la bande et l'interdiction d'entrée de l'aide, alors que Tel Aviv fait face à une pression internationale croissante après la diffusion de photos d'enfants souffrant de la faim, malgré le déni officiel de l'existence d'une famine, comme l'a précédemment déclaré le Premier ministre Benjamin Netanyahu.
La bande de Gaza connaît officiellement une famine reconnue internationalement pour la première fois de son histoire, au milieu d'une souffrance sans précédent des habitants, et des signes d'une catastrophe encore plus grave dans les semaines à venir.
La communauté internationale est confrontée à un véritable test pour prouver sa capacité à agir pour mettre fin à l'une des pires catastrophes humanitaires du siècle actuel.