Amnesty International a accusé, dans un rapport publié aujourd'hui, lundi 18 août, Israël de suivre une politique de famine systématique et délibérée à l'encontre des habitants de la bande de Gaza, alors que l'ONU et des organisations humanitaires avertissent que le territoire palestinien se rapproche rapidement d'une famine catastrophique.
Selon le rapport, qui s'appuie sur des entretiens avec 19 déplacés palestiniens et deux membres du personnel médical traitant des enfants souffrant de malnutrition, "Israël mène une campagne de famine délibérée dans la bande de Gaza occupée, à travers la destruction systématique des infrastructures de santé, de sécurité et du tissu social de la vie des Palestiniens".
L'organisation a estimé que ce qui se passe à Gaza "n'est pas le résultat d'opérations militaires accidentelles ou malheureuses, mais le résultat intentionnel de plans et de politiques israéliennes réfléchies mises en œuvre au cours des 22 derniers mois, visant à imposer des conditions de vie conduisant à la destruction physique des populations palestiniennes", considérant que cela s'inscrit dans le cadre de ce qu'elle a décrit comme "un génocide en cours" à l'encontre des habitants de Gaza.
L'organisation avait accusé en avril dernier Israël de commettre un "génocide en direct" sur fond de guerre en cours depuis le 7 octobre 2023 entre l'armée israélienne et le Hamas.
En revanche, le ministère des Affaires étrangères israélien a nié ces accusations, les qualifiant de "fausses et totalement infondées", tandis que l'organe "Cogat" - l'autorité israélienne supervisant les affaires civiles dans les territoires palestiniens et relevant du ministère de la Défense - a nié l'existence de toute indication d'une malnutrition généralisée dans la bande, accusant le Hamas de "promouvoir le récit de la famine".
* Chiffres choquants des victimes .. et les enfants au cœur de la crise
Selon le ministère de la Santé de Gaza, affilié au Hamas, 227 personnes sont mortes de faim au cours des 22 mois de guerre, dont 103 enfants.
L'Organisation mondiale de la santé a également annoncé la mort de 148 personnes en raison de la malnutrition dans la bande depuis janvier 2025.
De son côté, le Programme alimentaire mondial des Nations Unies a averti, dans un rapport publié ce mois-ci, que la faim et la malnutrition à Gaza ont atteint leur niveau le plus élevé depuis le début de la guerre, précisant que :
• Plus d'un tiers de la population de la bande ne mange pas pendant des jours consécutifs.
• Environ 300 000 enfants sont exposés à un risque de malnutrition aiguë.
• La situation s'aggrave en raison de l'interdiction d'entrée des camions d'aide humanitaire.
* Un blocus étouffant et une distribution d'aides "sélective"
Depuis l'attaque menée par le Hamas contre le sud d'Israël le 7 octobre 2023, Israël a imposé un blocus strict sur la bande de Gaza, qu'il a renforcé davantage le 2 mars 2025 en interdisant l'entrée de toute aide humanitaire ou biens commerciaux, aggravant la crise humanitaire dans ce territoire côtier assiégé.
Fin mai, Israël a autorisé l'entrée de quantités limitées de denrées alimentaires, distribuées par l'organisation "Gaza Humanitaire" - un organisme financé par Israël et les États-Unis - au milieu du refus des agences des Nations Unies de coopérer avec cette organisation, ce qui a accru l'incertitude et le débat sur la transparence et l'efficacité de la distribution de l'aide.
* Plans de contrôle sur le terrain .. et craintes d'une escalade plus importante
Dans un contexte opérationnel connexe, des rapports de presse ont révélé des détails sur un plan israélien de contrôle de Gaza, incluant le lancement d'une grande opération militaire le 7 octobre prochain, avec la participation de quatre divisions militaires, un signe clair que la situation est susceptible de s'intensifier davantage, dans un contexte de détérioration de la catastrophe humanitaire et d'absence d'horizon politique pour une solution.