Le Wall Street Journal a révélé hier samedi, citant des responsables américains, que le ministère de la Défense américain (le Pentagone) a secrètement imposé des restrictions à l'utilisation par l'Ukraine des missiles américains "ATACMS" à longue portée, empêchant Kiev de frapper des cibles à l'intérieur du territoire russe, dans une démarche qui limite directement la capacité des forces ukrainiennes à étendre le champ de leurs opérations militaires contre la Russie.
Selon le journal, cette politique, en vigueur depuis la fin du printemps dernier, stipule que l'Ukraine doit obtenir une approbation de haut niveau au sein du ministère de la Défense américain avant d'utiliser ce type d'armement, dont la portée dépasse 300 kilomètres.
Une "mécanisme de révision" spécifique a été développé à cet effet par le sous-secrétaire à la Défense américain pour les politiques, Elbridge Colby, et ce mécanisme donne au secrétaire à la Défense, Pete Hegseth, le pouvoir de décision finale concernant toute utilisation potentielle de ces missiles.
Cette politique représente un recul pratique par rapport à une décision antérieure prise par l'ancien président américain Joe Biden lors de sa dernière année à la Maison Blanche, qui avait donné à l'Ukraine le feu vert pour utiliser les "ATACMS" contre des cibles à l'intérieur de la Russie, dans le cadre du soutien de Washington à l'effort militaire de Kiev.
Les responsables ont confirmé au journal qu'à au moins une occasion, l'Ukraine avait demandé à utiliser ces missiles pour frapper une cible à l'intérieur de la Russie, mais les États-Unis ont refusé la demande, ce qui a réduit l'efficacité de Kiev à répondre aux attaques russes.
Ces restrictions interviennent alors que l'administration du président américain Donald Trump tente d'ouvrir un dialogue avec Moscou, alors que les chances de tenir un sommet de paix véritable semblent s'amenuiser.
La porte-parole de la Maison Blanche, Caroline Levitt, a déclaré que "le président Trump a été tout à fait clair sur la nécessité de mettre fin à la guerre en Ukraine. La situation militaire entre la Russie et l'Ukraine n'a pas connu de changement significatif récemment".
Elle a ajouté que le secrétaire à la Défense Hegseth travaille "en parfaite harmonie avec le président Trump".
Dans ce contexte, le réseau "NBC News" a rapporté qu'une source à la Maison Blanche a déclaré que Trump avait expliqué au gouvernement ukrainien la nécessité d'accepter un cessez-le-feu qui serait largement établi selon les conditions de la Russie.
La source a souligné un post du président américain sur la plateforme "Truth Social" le 21 août, dans lequel il a déclaré qu'aussi longtemps que l'Ukraine resterait dans une position purement défensive, elle ne serait pas en mesure d'atteindre la victoire, considérant cela comme "un signal clair" de la nécessité pour Kiev d'accepter un accord de paix imposé par Moscou.
En revanche, le vice-ministre des Affaires étrangères ukrainien, Sergiy Kyslytsya, a révélé que le "projet de garanties de sécurité" proposé à son pays pourrait être prêt d'ici la semaine prochaine, précisant que le début du "processus politique" ne se fera qu'après l'adoption de ces garanties.
Il a noté qu'il y avait des complications dans la rédaction du projet final, ce qui soulève des doutes sur la rapidité de l'avancement du processus politique.
Ces développements interviennent alors que l'escalade militaire entre la Russie et l'Ukraine se poursuit, et que les pressions internationales sur les deux parties pour entrer dans des négociations sérieuses augmentent, alors que les espoirs de tenir un sommet de paix global mettant fin à la guerre qui dure depuis plus de trois ans s'amenuisent.