Dans une démarche controversée, le parquet turc a saisi aujourd'hui, jeudi 11 septembre, un ensemble de 121 entreprises comprenant trois chaînes de télévision principales, et a émis des ordres d'arrestation contre 10 des directeurs de ces chaînes, dans le cadre d'enquêtes approfondies concernant des soupçons de corruption et de fraude.
Ces mesures ont visé la société "Can Holding", qui possède d'importants actifs dans les secteurs de l'énergie et de l'éducation, et qui a acheté l'année dernière plusieurs chaînes de télévision notables, dont "Habertürk", "Show TV", et "Bloomberg HT", affiliée au réseau "Bloomberg News".
Le parquet de la région de Küçükçekmece à Istanbul a révélé des preuves indiquant qu'une "organisation criminelle" avait été établie par le biais de sociétés affiliées à "Can Holding", où des crimes tels que la fraude, l'évasion fiscale et le blanchiment d'argent ont été commis.
En conséquence, le parquet a ordonné l'arrestation de dix membres de la haute direction de "Can Holding", y compris les propriétaires, ainsi que la mise sous séquestre des actifs de leurs 121 entreprises au profit du Fonds d'assurance des dépôts en Turquie.
Cette campagne intervient à un moment sensible, alors que le gouvernement turc renforce son emprise sur les médias, suscitant des réactions d'organisations internationales telles que "Reporters sans frontières", qui ont averti que ces mesures pourraient entraîner un resserrement supplémentaire de la liberté de la presse en Turquie.
Le représentant de l'organisation en Turquie, Erol Önderoğlu, a indiqué que l'opération pourrait avoir ses justifications dans le cadre de la lutte contre la corruption, mais qu'elle pourrait également être utilisée pour établir une domination d'une seule voix dans les médias turcs.
Dans un contexte connexe, la Turquie a connu au cours des derniers mois une série d'arrestations dans le cadre d'enquêtes liées à la corruption à la municipalité d'Istanbul ;
en mars 2025, le maire d'Istanbul, Ekrem İmamoğlu, l'un des principaux concurrents politiques du président turc Recep Tayyip Erdoğan, a été arrêté, ce qui a entraîné une vague de manifestations sans précédent en Turquie depuis 2013.
Dans les derniers développements des enquêtes, la police turque a arrêté en août dernier 44 personnes, dont le maire de Beyoğlu, İnan Güneş, et de nombreux employés proches du maire d'Istanbul, ainsi que des responsables de sociétés de médias affiliées à la municipalité d'Istanbul.
Les autorités turques continuent de mener des opérations de lutte contre la corruption, tandis que ces mesures soulèvent des questions sur leur impact sur la situation politique et médiatique dans le pays.