Entre l'héritage de la destruction et les possibilités de relèvement, comment l'économie syrienne va-t-elle se restructurer

Dans un contexte de destruction ayant touché plus de 60 % des infrastructures, avec un taux de chômage atteignant des niveaux records (plus de 60 %), et une dévaluation de la monnaie locale, la Syrie fait face à des défis majeurs pour reconstruire son économie. Il est devenu évident qu'elle a besoin d'un "miracle économique" similaire à l'expérience de l'Allemagne après la Seconde Guerre mondiale, qui a réussi à se transformer en l'une des plus grandes économies mondiales grâce à la réforme monétaire (introduction du "rentenmark" puis du "deutsche mark") et à l'arrêt de l'inflation galopante. La mise en œuvre du plan Marshall a également fourni des investissements massifs équivalant à 150 milliards de dollars aujourd'hui, en plus de réformes institutionnelles, notamment dans le système judiciaire et la banque centrale, et en se concentrant sur l'industrie et l'exportation, plutôt que de dépendre uniquement de l'aide.
Mais la principale différence entre l'Allemagne et la Syrie réside dans le contexte politique et international : l'Allemagne était sous une autorité unique, tandis que la Syrie souffre de divisions politiques et géopolitiques qui entravent la stabilité, et l'environnement international soutenait l'Allemagne, alors que la Syrie reste un champ de bataille régional et international.
Les ressources naturelles telles que le pétrole, le gaz, l'agriculture ou la main-d'œuvre jeune ne suffiront pas à sauver l'économie syrienne en raison de l'effondrement de la confiance dans les institutions, ainsi que des sanctions internationales qui entravent les investissements étrangers et les transferts des expatriés. De plus, la fuite des compétences a vu plus de 12 millions de Syriens émigrer, dont des milliers de médecins et d'ingénieurs. Sans oublier la corruption chronique qui prévalait sous le régime précédent, affaiblissant toute tentative de véritable réforme.
Malgré les difficultés, des économistes estiment que la Syrie a des possibilités de relèvement, mais sous certaines conditions, notamment la réforme du système monétaire et bancaire et la restructuration de la monnaie en liant la livre à un panier de devises ou de biens stratégiques. Il est également nécessaire de réformer la banque centrale pour stopper l'inflation et restaurer la confiance. La restructuration de la dette doit se faire par des négociations avec les créanciers pour alléger les charges. Et il est essentiel d'ouvrir des canaux de communication avec les organisations internationales (comme le Fonds monétaire international) pour obtenir un soutien technique et financier.

Il convient également de mentionner l'importance d'attirer les investissements et les expatriés, ainsi que de promulguer des lois protégeant les investisseurs étrangers et syriens à l'étranger.
Lancer des projets de partenariat entre les secteurs public et privé dans les infrastructures et l'énergie. Se concentrer sur les secteurs productifs tels que l'agriculture, car la Syrie était la "corbeille à pain" du Moyen-Orient, et ce rôle peut être restauré. L'industrie doit également être relancée par la réhabilitation des usines détruites et l'investissement dans l'énergie solaire pour compenser le manque d'électricité.
L'expérience allemande prouve que des pays peuvent se relever des décombres, mais les conditions en Syrie sont plus difficiles en raison de la division politique et de l'existence de zones échappant au contrôle de Damas, ainsi que de l'absence de consensus international pour soutenir la Syrie, comparé au soutien de l'Europe à l'Allemagne et à la persistance des conflits géopolitiques.
En réalité, la Syrie dispose de ressources humaines et naturelles lui permettant de se rétablir, mais le succès dépend de la réforme des institutions et de la création d'un environnement stable, exempt de conflits armés, ainsi que d'un véritable soutien international pour restaurer la confiance et attirer les investissements.