Dans une nouvelle escalade des différends entre les deux têtes de l'exécutif en Libye, un conflit aigu a éclaté entre le Premier ministre du gouvernement d'unité nationale Abdelhamid Dbeibah et le président du Conseil présidentiel Mohamed Menfi concernant la nomination d'un nouveau chef de la police judiciaire, l'entité responsable de la supervision des prisons et de l'exécution des décisions judiciaires, une étape qui menace de faire exploser l'accord de sécurité récemment conclu avec l'organe de répression de la criminalité et du terrorisme.
* Nominations contradictoires .. et absence de coordination
Selon l'accord de sécurité signé par le gouvernement de Dbeibah avec l'organe de répression, il était censé choisir une personnalité consensuelle pour diriger l'organe en remplacement du général Osama Najim, recherché par la Cour pénale internationale.
Mais au lieu du consensus, chaque partie a pris une décision unilatérale et opposée :
Dbeibah a chargé le général Abdel Fattah Dabboub de diriger la police judiciaire.
Tandis que Menfi a annoncé la nomination du général Atiya Al-Fakhri comme chef de la même entité.
Cette contradiction dans les décisions révèle la poursuite du conflit pour des postes de sécurité sensibles au sein de l'État, et met en évidence le fossé profond entre les parties de l'exécutif dans le pays, malgré les efforts continus pour désamorcer les tensions dans la capitale Tripoli.
* Inquiétudes sur l'avenir de l'accord de sécurité
L'accord de sécurité, décrit comme "une étape historique" pour rétablir la stabilité à Tripoli, semble aujourd'hui menacé, dans ce contexte de division renouvelée.
Les experts avertissent que la poursuite de ce différend pourrait entraver l'application de l'accord sur le terrain et ramener la capitale dans un cycle de tensions sécuritaires.
L'analyste libyen Mohamed Al-Raich a considéré que l'accord "a contribué à apaiser la situation à Tripoli et à éliminer les manifestations armées", mais il a clairement indiqué que l'application pratique a révélé l'absence d'engagement et de véritable consensus entre Dbeibah et Menfi.
Al-Raich a ajouté :
"Il y a une division claire entre les pôles de l'exécutif, et chaque partie cherche à contrôler les organes officiels, pour renforcer son influence au sein des institutions de l'État, au service de ses propres intérêts et de ceux des parties qui la soutiennent".
* Un organe sensible au cœur de la compétition politique
La police judiciaire est considérée comme l'un des organes de sécurité les plus sensibles en Libye, en raison de son rôle dans :
• La gestion des prisons.
• L'exécution des ordres judiciaires.
• Le suivi des affaires des condamnés et des détenus.
Ce rôle vital en a fait un sujet de compétition directe entre les acteurs politiques et militaires, surtout avec l'intensification du conflit pour l'influence au sein des organes de sécurité et militaires de l'État.
* Un message dangereux .. qui a le dernier mot ?
Les décisions contradictoires émises par Dbeibah et Menfi envoient un signal inquiétant concernant la centralité de la décision sécuritaire en Libye, et soulèvent des questions essentielles sur :
Qui contrôle réellement les organes de sécurité ?
Et les accords résisteront-ils à cette lutte acharnée pour l'influence ?
Alors que des efforts locaux et internationaux sont déployés pour résoudre la crise libyenne, il semble que la lutte pour les postes demeure le principal obstacle à la reconstruction des institutions de l'État sur des bases unifiées et légales.