Dans un développement juridique qui a suscité une large controverse, un juge fédéral américain a ordonné l'expulsion de l'activiste palestinien jeune Mahmoud Khalil, l'une des figures les plus en vue du mouvement étudiant pro-Palestine aux États-Unis, vers l'Algérie ou la Syrie, malgré son statut de résident permanent légal, son mariage avec une citoyenne américaine, et le fait qu'il soit père d'un enfant né aux États-Unis.
La décision a été prise par le juge Jimmy Comans de l'État de Louisiane, qui a déclaré dans le résumé de son jugement rendu le 12 septembre courant, qu'il "a décidé d'expulser le défendeur vers l'Algérie, ou vers la Syrie comme option alternative", s'appuyant sur ce qu'il considérait comme "une déformation délibérée d'informations essentielles" dans la demande de Khalil pour obtenir la carte verte ( Green Card ).
Le juge a précisé dans les motifs de son jugement :
"Le non-divulgation complète des informations n'était pas le résultat d'une négligence ou d'ignorance, mais le tribunal estime que le défendeur a délibérément déformé une ou plusieurs des vérités essentielles dans sa demande".
* Réaction de Khalil : vengeance politique contre la liberté d'expression
Mahmoud Khalil ( 30 ans) s'est empressé de dénoncer le jugement, le qualifiant de "vengeance", déclarant dans un communiqué émis par l'Union américaine pour les libertés civiles ( ACLU ) :
"Il n'est pas surprenant que l'administration Trump continue de se venger de moi en raison de mon exercice de la liberté d'expression ... Leur dernière tentative, à travers un tribunal d'immigration fictif, révèle encore une fois leur véritable nature".
* L'activiste en vue à Columbia sous menace
Khalil, qui était étudiant à l'Université de Columbia à New York, est considéré comme l'un des principaux leaders du mouvement étudiant pro-Palestine au sein des universités américaines, notamment lors de la vague de manifestations qui a éclaté en 2024.
Il a été arrêté par les autorités d'immigration américaines en mars dernier et détenu pendant environ trois mois, avant d'être libéré en juin.
Depuis lors, il fait face à une menace constante d'expulsion.
Et bien qu'il soit résident permanent légal, marié à une Américaine, et père d'un enfant né sur le sol américain, l'affaire contre Khalil reste en cours, au milieu d'accusations de l'administration américaine selon lesquelles il représente "un risque potentiel pour la politique étrangère des États-Unis".
* Une expulsion qui pourrait être inconstitutionnelle ?
En revanche, la décision judiciaire a suscité de vives critiques, et des défenseurs des droits et des experts juridiques l'ont considérée comme "une violation potentielle de la constitution américaine", surtout qu'elle cible un activiste politique exerçant son droit à la liberté d'expression et à la manifestation.
* Contexte politique et escalade contre les universités
Cette décision intervient dans le cadre d'une campagne politique lancée par le président Donald Trump contre plusieurs grandes universités américaines, dont Columbia et Harvard, en raison de ce qu'il a qualifié de "laxisme envers les étudiants étrangers et les opposants aux politiques américaines", où il a réduit les subventions fédérales et menacé de retirer l'accréditation académique.
La gestion Trump a justifié sa volonté d'expulser Khalil en affirmant que sa présence dans le pays pourrait avoir "des conséquences graves potentielles sur la politique étrangère", selon ce qui a été présenté dans ses plaidoiries devant le tribunal.