Al-Chaar à l'ONU : un tournant diplomatique ou une nouvelle étape dans la politique américaine envers la Syrie ?

La visite porte des symboles et des significations profondes. Le discours d'Al-Chaar prévu le 24 septembre sera le premier discours d'un président syrien à l'organisation internationale depuis six décennies, tandis que des sources ont évoqué une rencontre possible avec Trump et une autre à la "Maison turque" en compagnie du président Erdoğan. Ces mouvements diplomatiques simultanés indiquent un changement fondamental dans la position internationale sur la Syrie, surtout après la chute du régime d'Assad à la fin de 2024.
Le contexte interne américain semble important pour comprendre ces développements. L'administration Trump, qui a commencé son deuxième mandat en janvier dernier, cherche à réaliser un succès diplomatique sur le dossier syrien, en accord avec le slogan "L'Amérique d'abord" et son objectif de réduire les coûts financiers et humains de la présence américaine à l'étranger. Les déclarations de l'envoyé américain Thomas Barak sur la "confiance en Al-Chaar" et la concordance des objectifs reflètent cette orientation.
Le soutien commun saoudien-turc au dossier syrien ajoute une dimension régionale importante. Riyad et Ankara, malgré leurs positions précédentes divergentes, semblent maintenant unis dans leur soutien à la nouvelle voie politique à Damas et dans leur pression pour mettre fin aux violations israéliennes. Cette alliance régionale non conventionnelle pourrait constituer une force motrice pour la solution politique.
Cependant, les défis demeurent. La levée progressive des sanctions américaines contre la Syrie, bien qu'importante sur le plan économique, ne résoudra pas les problèmes structurels que le pays subit après des années de guerre et de destruction. De plus, le rapprochement américano-syrien pourrait susciter l'irritation des alliés traditionnels des États-Unis dans la région.
La visite soulève des questions cruciales sur l'avenir de la Syrie : sera-t-elle une porte vers la stabilité régionale ou un nouveau terrain de compétition internationale ? Et comment peut-on transformer l'opportunité diplomatique en une réalité tangible dans les rues syriennes ? Les réponses ne viendront pas des discours des Nations Unies, mais de la capacité des acteurs locaux et internationaux à transformer les poignées de main diplomatiques en projets de reconstruction et en véritables voies de réconciliation nationale.
La visite d'Al-Chaar à New York représente plus qu'un simple moment diplomatique éphémère, mais constitue un véritable test de la volonté de la communauté internationale de soutenir un processus de transition syrien dirigé par des Syriens, bénéficiant d'un soutien régional et international qui pourrait être la dernière chance pour la Syrie après des années de souffrance.