Dans une scène digne des contes étranges, deux adolescents belges se retrouvent devant la justice à Nairobi, la capitale kényane, pour une accusation à laquelle ils ne s'attendaient jamais : le trafic de 5400 fourmis ! Les jeunes, Lornoy David et Seppe Lodewijckx, tous deux âgés de dix-neuf ans, se sont retrouvés entre les mains de la police kényane après la découverte de petits contenants de laine et de coton contenant des milliers de fourmis de l'espèce Messor cephalotes, une espèce de grande taille, rouge, originaire d'Afrique de l'Est et habitant généralement les champs ou les routes.
Les jeunes ont justifié leur acte par la curiosité et le plaisir, affirmant qu'ils ignoraient que la collecte de ce type d'insectes était interdite en vertu de la loi kényane, même au moment de leur arrestation le 5 avril dernier. Cependant, la police n'en est pas restée là, elle a ensuite arrêté deux autres personnes pour des accusations similaires : le Kényan Dennis Ng’ang’a, âgé de 27 ans, et son partenaire vietnamien Duh Hung Nguyen, spécialiste en informatique, en possession de 400 fourmis supplémentaires de la même espèce.
Devant le tribunal, des experts environnementaux ont révélé des informations choquantes : la valeur estimée de ces fourmis saisies dépasse un million de shillings kényans, soit environ 7700 dollars américains. Ils ont expliqué que ce "trésor environnemental" était principalement destiné à l'Europe ou à l'Asie, un changement significatif dans les tendances de contrebande, passant des éléphants et des rhinocéros à des espèces plus petites mais jouant un rôle crucial dans l'écosystème.
Dans un communiqué après l'audience, Philip Muruthi, vice-président du département de conservation de l'environnement à la Fondation de la vie sauvage africaine, a déclaré que les fourmis ne sont pas de simples insectes, mais un élément essentiel pour enrichir le sol, favoriser la croissance des plantes et fournir de la nourriture aux oiseaux et autres animaux. Il a ajouté : "Lorsque vous regardez une forêt saine comme la forêt de Ngong, ne sous-estimez pas les raisons de sa prospérité... des bactéries aux fourmis, tout joue un rôle intégré... donc, même s'il y a un commerce de ces ressources, il doit être organisé et respectueux de l'environnement".
Cette affaire insolite met en lumière de nouveaux aspects du trafic illégal d'organismes vivants, montrant comment de très petits éléments peuvent avoir un impact environnemental majeur, tout en soulevant des questions sur l'équilibre entre la soif de découverte et le respect des lois environnementales locales.