Human Rights Watch : Les restes de la guerre syrienne récoltent des vies civiles.

Les mines terrestres et les explosifs non explosés continuent de faire des victimes et de détruire des rêves en Syrie, transformant des zones entières en champs de mort invisibles attendant leurs victimes parmi les civils rentrant chez eux après des années de déplacement.
Un rapport publié aujourd'hui par Human Rights Watch révèle que ces résidus mortels ont causé la mort d'au moins 249 personnes, dont 60 enfants, et blessé 379 autres depuis décembre 2024, selon les données de l'Organisation internationale pour la sécurité des ONG.
Une tragédie quotidienne qui s'aggrave
Les moments de joie liés au retour des déplacés se transforment en tragédies dévastatrices, comme cela a été le cas pour la famille de Raneem Abdel Hakim Masalmeh à Deraa, qui a perdu sa mère et sa nièce de 7 ans dans l'explosion d'un engin non explosé rapporté par son fils adolescent d'une base militaire abandonnée près de chez eux. Raneem déclare : "Il n'avait aucune idée des dangers", ce qui reflète l'absence totale de programmes de sensibilisation dans les zones les plus contaminées.
Dans la campagne d'Idlib, le frère de Fahd Walid Al-Ghajar (35 ans), un ingénieur qui a volontairement participé au déminage, raconte comment une munition qu'il tentait de déplacer dans un champ a explosé, mettant fin à sa vie et laissant sa femme et ses quatre enfants sans aucun soutien matériel ou psychologique. Ces histoires ne sont qu'un aperçu, car des estimations d'organisations locales indiquent que les mines ont causé la mort de plus de 3 500 civils depuis 2011, dont 930 enfants.
Des obstacles à l'élimination
Malgré les efforts locaux pour éliminer ces résidus, les faits montrent que les défis dépassent les capacités disponibles. Dans le nord-ouest de la Syrie, la défense civile (Casques blancs) travaille dans un contexte de pénurie aiguë d'équipements et de financement, ayant réussi à déblayer seulement 737 000 mètres carrés d'immenses zones contaminées, selon le Comité international de la Croix-Rouge. De plus, l'absence de cartes précises des sites minés, notamment ceux plantés par le régime d'Assad près des frontières du Liban et de la Turquie, rend la tâche semblable à la recherche d'une aiguille dans une botte de foin.
Des documents obtenus par les Casques blancs auprès des anciens bureaux du régime à Idlib montrent que certaines zones contiennent des centaines de mines plantées au hasard, mais le manque d'expertise technique empêche une intervention rapide. À cela s'ajoute l'absence de coordination entre les organisations travaillant dans ce domaine, ce qui gaspille des ressources déjà limitées.
Des appels urgents ignorés
Human Rights Watch avertit que le retard dans le traitement de ce dossier aggravera la catastrophe humanitaire, car des millions de Syriens dépendent des terres agricoles contaminées pour leur subsistance. L'organisation appelle le gouvernement de transition et la communauté internationale à agir rapidement pour créer une autorité nationale de déminage, financer les opérations de déminage et fournir des compensations aux victimes.
Pour sa part, le chercheur Richard Weir de Human Rights Watch souligne que "l'élimination de ces explosifs n'est pas une option, mais une condition essentielle pour retrouver une vie normale en Syrie". Cependant, jusqu'à présent, ces appels n'ont pas été traduits en actions concrètes, laissant les civils face à un destin incertain entre un retour risqué et le maintien dans des camps de